Cette année 1188 voit pour ainsi dire se reconstituer la seigneurie de Montgrésin et peut-être même l’origine du hameau.
Le chapitre de Notre-Dame de Senlis possédait sur le territoire d’Orry des biens fort étendus. La famille de Gonesse en avait également. Quelques années avant, Guy III Le Bouteiller avait donné à l’église de Senlis, en mémoire à son frère Pierre Hermite, prévôt et archidiacre de Soissons, la terre d’Orry et de la Chapelle que le dit Pierre Hermite possédait de son vivant ; à la charge de faire dire chaque année en son honneur un service solennel comme pour un évêque.
Par un accord passé devant l’évêque Geoffroy, les chanoines concèdent à Renaud de Gonesse, chevalier, tout ce qu’ils possédaient au-delà de la rivière, entre le bois appelé Montgrésin et l’étang, moyennant une rente de sept « sous » payables à la saint Rémi.
En compensation, Renaud de Gonesse (aussi appelé Renaud de Montgrésin en 1188) et sa femme Agnès abandonnent leur champart (mélange de froment, orge et de seigle semés ensemble) aux hôtes de Notre-Dame d’Orry, ainsi que toutes les terres qui leur appartiennent entre la rivière et le village. Il est stipulé qu’au moment de la moisson, les habitants devront venir chercher le serviteur de Renaud de Gonesse à Orry ou à la grange (abbaye de Commelles) située près de l’étang pour procéder au partage.
Il sera permis, en tout temps, à ceux qui se rendent au moulin de l’église de Senlis (moulin d’Orry) de passer par le chemin qui va de la chapelle Saint-Rieul au moulin et le petit pré voisin servirait de pâturage pour les animaux.
Notons au passage cette mention d’une chapelle Saint-Rieul dont il ne reste aucun vestige, et qui devait avoir été élevée dans le voisinage de la Fontaine St-Rieul ; nous la retrouverons dans un document de l’année 1250 relatif au prieuré de Commelles.
L’existence de cette chapelle explique la situation au milieu des champs, loin des habitations, du cimetière d’Orry, qui est en cet endroit depuis donc très longtemps.
Généralement, le cimetière entourait l’église paroissiale. Or, rien n’indique que dans le voisinage de l’église, il n’y ait, à aucune époque, existé un cimetière ; mais on sait que, très souvent, les fidèles se faisaient inhumer près d’un sanctuaire vénéré ou d’un établissement religieux. C’est ainsi qu’à Pontarmé jusqu’au 17e siècle, le cimetière touchait un mur des Trinitaines : il en fut de même à Orry, mais la distance du village est considérable et il est probable que lorsque la chapelle St Rieul disparut, à une époque qui ne peut être précisée, le cimetière fut conservé dans un lieu que la vénération des ancêtres avait consacré.
En effet, dans une transaction passée entre le chapitre Notre Dame de Senlis et l’abbaye de Chaâlis en août 1505, nous trouvons cette désignation : « au lieu dit Piqueval, un bois assis entre Commelles et le chemin qui « mayne » au cimetière du dit Orry où anciennement « voulait » être une chapelle qui se nommait St Rieul ».